-Article écrit par Benoit Campargue (26-12-2015)-
Qu’est-ce qu’un sportif de haut-niveau? En France et sur le plan administratif, il s’agit d’un sportif classé dans une des 4 listes ministérielles, « reconversion », « élite », « senior » ou « jeune ».
« Rigueur-Engagement-Régularité » (Thierry Marx)
Dans la réalité du terrain, il s’agit d’un engagement sur un projet sportif et/ou professionnel ambitieux qui est la plupart du temps d’envergure internationale. Ce projet demande des sacrifices personnels mais aussi une organisation autour du/des objectifs. « Rigueur-Engagement-Régularité » (Thierry Marx) sont souvent les maîtres mots d’une carrière de sportif au plus haut-niveau même si la carrière est, et doit être jalonnée de convivialité et de plaisir souvent en lien avec la vie de groupe.
« mettre en place les moyens nécessaires à l’atteinte des objectifs »
Qu’il s’agisse de sport d’équipe ou de sport individuel, il existe toujours un groupe ou un « team » au sein duquel le sportif évolue. Les aspects d’ordre financier sont parfois rédhibitoires, tel est le cas des sports mécaniques ou des disciplines peu soutenues par le ministère ou leurs fédérations. Cependant, ces dernières mettrent en place les moyens nécessaires à l’atteinte des objectifs; elles permettent de former les jeunes espoirs dans le cadre de la filière d’accès au haut-niveau. Les fédérations permettent également de mettre en place un système aussi efficace que possible grâce à la mise à disposition, entre autres, d’infrastructures, d’entraîneurs et de moyens financiers afin de satisfaire les besoins du quotidien et les déplacements en compétition.
« Le sport de haut-niveau étant de plus en plus exigeant, les athlètes deviennent à leur tour plus exigeants »
Cependant, on assiste aujourd’hui à la création de structures dites « privées », spécialisées dans la gestion et l’accompagnement des athlètes. Le sport de haut-niveau étant de plus en plus exigeant, les athlètes deviennent à leur tour, plus exigeants. Du fait de leur taille variable et de leur méthode souvent basées sur l’individualisation et le sur-mesure, ces structures sont souvent très efficaces et réactives quant à la mise en œuvre des plans d’entraînement et la réalisation des objectifs sportifs. Les fédérations et d’autres structures, notamment professionnelles, font de plus en plus appel à elles dans le but d’optimiser leurs services au sein du haut-niveau dans des secteurs aussi variés que l’entraînement spécifique, la planification, la préparation physique ou mentale et même le secteur médical ou para-médical.
Certaines ont cependant échoué ou se sont arrêtées malgré des moyens importants comme le Team Lagardère au début des années 2000, d’autres ont réussi comme Sport Management System, une structure de taille plus modeste proche des athlètes et de leurs exigences. Les principaux domaines d’intervention concernent la pratique disciplinaire mais aussi ce qu’on appelle les « satellites » de la performance comme la préparation physique, l’équipe médicale et para-médicale (kinésithérapeute, ostéopathe, nutritionniste, psychologue), la préparation mentale mais aussi l’aide environnementale telle que la gestion des médias, la communication, l’élaboration des contrats, la gestion des partenaires ou l’organisation des calendriers qui sont chronophages pour les athlètes.
« Le monde du sport ne touche pas que les sportifs, il est devenu un enjeu économique et parfois politique. »
On dit que le sport de haut-niveau est un monde à part, cependant, il a suivi l’évolution de notre ère, davantage tournée aujourd’hui vers la performance et la technologie. L’adage de Pierre de Coubertin « l’important est de participer » ne fait désormais plus recette dans le haut-niveau. Le monde du sport ne touche désormais pas que les sportifs, il est devenu un enjeu économique, social (créateur d’emplois) et parfois politique. Quel secteur de la mondialisation pourrait véhiculer une meilleure image que le sport tout en étant un levier diplomatique et/ou économique? Tout athlète de très haut-niveau et son staff parcourt le monde ; il est par conséquent, un formidable ambassadeur, vecteur d’image et de valeurs pour les entreprises. L’effet de la mondialisation de fait ressentir dans le sport et notamment dans le sport de haut-niveau où on assiste aujourd’hui à une généralisation des circuits de compétitions. Seuls les sports professionnels tels que le tennis avec l’ATP, le football avec la multiplication des championnats nationaux et continentaux, les championnats du monde des sports mécaniques les plus en vue comme la Formule 1 ou le MotoGP offraient une redondance des compétitions. Aujourd’hui, les autres disciplines, de par leur volonté d’être présents tout au long de l’année et non plus sur un championnat du monde tous les 2 ans ou tous les ans ont modifié leur calendrier afin de reproduire un circuit de compétitions annuel et devenir plus visibles. Les droits tv pour certaines, la visibilité pour d’autres, viennent abonder cette décision. Les athlètes quant à eux, sont désormais de plus en plus sollicités et de plus en plus professionnels dans leur fonctionnement de par la récurrence des compétitions, mais aussi de par l’enjeu financier (Price money) et l’impact des résultats sur leur carrière.
« le sportif de haut-niveau de classe internationale se doit désormais, de mettre en place une équipe autour de lui »
C’est la raison pour laquelle, le sportif de haut-niveau de classe internationale se doit désormais, de mettre en place une équipe autour de lui, qui, mise bout à bout grâce aux diverses compétences, lui permettra d’améliorer ses performances, de se décharger de certaines contrainte, de durer davantage et ainsi investir pour et dans une carrière à long terme. Les gains en terme de performance sont en valeur absolue minimes lorsqu’ils sont pris individuellement mais ce sont eux qui, mis bout à bout permettent aussi aux athlètes de réussir.
A titre de comparaison, dans le sport automobile, une pôle position est le résultat de l’addition d’améliorations infimes (aérodynamique, moteur, grip, réglages divers…) qui ne sont pas forcément perçues par le pilote au volant mais qui permettent de gagner. De la même façon, un athlète de haut-niveau qui sera bien accompagné par les « satellites de la performance » et qui les intègrera dans son fonctionnement en tirera automatiquement des bénéfices (…à partir du moment où ce dernier en est convaincu et participe à son élaboration).
« Choisir, c’est réussir »
En effet, les évolutions et les exigences du sport de haut-niveau emmènent les athlètes à prendre des décisions sur le terrain mais aussi à mettre en place une équipe, qui, si elle se révèle adaptée et réactive, permettra de l’accompagner dans ses objectifs. Choisir c’est réussir! Un sportif de très haut-niveau est en quelques sortes un chef d’entreprise car c’est lui et lui seul qui décide de son avenir au travers des choix qu’il fait. A contrario, un sportif qui ne décide pas ne sera probablement pas un grand champion car il se laissera porter par « le système » et ne sera pas ou peu décisionnaire de ses actes… et de ses résultats.
« On ne peut réussir seul »
A contrario, agir seul c’est être limité dans ses connaissances et par conséquent sur les prises de décision. La perte de temps peut entrainer des échecs irréversibles. On ne peut réussir seul, aucun athlète de très haut-niveau n’a réussi seul, il a toujours été accompagné par une équipe plus ou moins importante, parfois il s’agit du binôme coach athlète, parfois d’une structure, parfois une fédération, parfois une famille (Raphael Nadal). Il a besoin de s’appuyer sur des personnes pour l’accompagner dans la performance mais aussi le soulager de certaines tâches. Un athlète de haut-niveau qui gère tout, ne peut réussir car il va rapidement s’épuiser physiquement et mentalement. Il devra tendre vers un équilibre lui permettant de s’épanouir en tant qu’homme et en même temps être suffisamment concentré sur sa pratique sportive. Le curseur dépend de chaque individu ; pour certains, les études permettent cet équilibre, pour d’autres, une ou des passions extra disciplinaires, enfin, pour certains, le milieu familial permettra cet équilibre. Certains champions trouvent de la force mentale dans les personnes qui l’entourent : le staff, le public, la famille ou l’ensemble (sans en être entièrement dépendant car parfois le contexte géographique ou structurel du stage ou de la compétition ne le permettent pas). L’autonomie des athlètes envers leur entourage ou leurs entraîneurs tout comme l’autonomie des entraîneurs envers leurs athlètes dont on ne parle pas reste cependant un vaste sujet…
Dans tous les cas, être athlète de très haut-niveau, c’est être déterminé, mais aussi savoir prendre du plaisir dans ce qu’on fait, savoir où on veut aller et surtout comment y aller.